Page:Dumas - Le Comte de Monte-Cristo (1889) Tome 1.djvu/123

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change, dans laquelle il lui ordonnait de vendre à tout prix.

— Maintenant que j’ai cette lettre, dit Villefort en la serrant soigneusement dans son portefeuille, il m’en faut une autre.

— Pour qui ?

— Pour le roi.

— Pour le roi ?

— Oui.

— Mais je n’ose prendre sur moi d’écrire ainsi à Sa Majesté.

— Aussi, n’est-ce point à vous que je la demande, mais je vous charge de la demander à M. de Salvieux. Il faut qu’il me donne une lettre à l’aide de laquelle je puisse pénétrer près de Sa Majesté sans être soumis à toutes les formalités de demande d’audience, qui peuvent me faire perdre un temps précieux.

— Mais n’avez-vous pas le garde des sceaux, qui a ses grandes entrées aux Tuileries, et par l’intermédiaire duquel vous pouvez jour et nuit parvenir jusqu’au roi ?

— Oui sans doute, mais il est inutile que je partage avec un autre le mérite de la nouvelle que je porte. Comprenez-vous ? le garde des sceaux me reléguerait tout naturellement au second rang et m’enlèverait tout le bénéfice de la chose. Je ne vous dis qu’une chose, marquis : ma carrière est assurée si j’arrive le premier aux Tuileries, car j’aurai rendu au roi un service qu’il ne lui sera pas permis d’oublier.

— En ce cas, mon cher, allez faire vos paquets ; moi j’appelle de Salvieux, et je lui fais écrire la lettre qui doit vous servir de laissez-passer.

— Bien, ne perdez pas de temps, car dans un quart d’heure il faut que je sois en chaise de poste.