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Page:Dumas - Le Comte de Monte-Cristo (1889) Tome 1.djvu/215

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la maigreur de son visage creusé par des rides profondes, la ligne hardie de ses traits caractéristiques, révélaient un homme plus habitué à exercer ses facultés morales que ses forces physiques. Le front du nouveau venu était couvert de sueur.

Quant à son vêtement, il était impossible d’en distinguer la forme primitive, car il tombait en lambeaux.

Il paraissait avoir soixante-cinq ans au moins, quoiqu’une certaine vigueur dans les mouvements annonçât qu’il avait moins d’années peut-être que n’en accusait une longue captivité.

Il accueillit avec une sorte de plaisir les protestations enthousiastes du jeune homme ; son âme glacée sembla pour un instant se réchauffer et se fondre au contact de cette âme ardente. Il le remercia de sa cordialité avec une certaine chaleur, quoique sa déception eût été grande de trouver un second cachot où il croyait rencontrer la liberté.

— Voyons d’abord, dit-il, s’il y a moyen de faire disparaître aux yeux de vos geôliers les traces de mon passage. Toute notre tranquillité à venir est dans leur ignorance de ce qui s’est passé.

Alors il se pencha vers l’ouverture, prit la pierre, qu’il souleva facilement malgré son poids, et la fit entrer dans le trou.

— Cette pierre a été descellée bien négligemment, dit-il, en hochant la tête ; vous n’avez donc pas d’outils ?

— Et vous, demanda Dantès avec étonnement, en avez-vous donc ?

— Je m’en suis fait quelques-uns. Excepté une lime, j’ai tout ce qu’il me faut, ciseau, pince, levier.

— Oh ! je serais curieux de voir ces produits de votre patience et de votre industrie, dit Dantès.