cachot donne sur une galerie extérieure, espèce de chemin de ronde où passent les patrouilles et où veillent des sentinelles.
— Vous en êtes sûr ?
— J’ai vu le schako du soldat et le bout de son fusil et je ne me suis retiré si vivement que de peur qu’il m’aperçût moi-même.
— Eh bien ? dit Dantès.
— Vous voyez bien qu’il est impossible de fuir par votre cachot.
— Alors ? continua le jeune homme avec son accent interrogateur.
— Alors, dit le vieux prisonnier, que la volonté de Dieu soit faite !
Et une teinte de profonde résignation s’étendit sur les traits du vieillard.
Dantès regarda cet homme qui renonçait ainsi et avec tant de philosophie à une espérance nourrie depuis si longtemps, avec un étonnement mêlé d’admiration.
— Maintenant, voulez-vous me dire qui vous êtes ? demanda Dantès.
— Oh ! mon Dieu, oui, si cela peut encore vous intéresser, maintenant que je ne puis plus vous être bon à rien.
— Vous pouvez être bon à me consoler et à me soutenir, car vous me semblez fort parmi les forts.
L’abbé sourit tristement.
— Je suis l’abbé Faria, dit-il, prisonnier depuis 1811, comme vous le savez, au château d’If ; mais j’étais depuis trois ans renfermé dans la forteresse de Fenestrelle. En 1811, on m’a transféré du Piémont en France. C’est alors que j’ai appris que la destinée qui, à cette époque, lui semblait soumise, avait donné un fils à