Page:Dumas - Le Comte de Monte-Cristo (1889) Tome 1.djvu/237

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— De Porto-Ferrajo à bord qu’avez-vous fait de cette lettre ?

— Je l’ai tenue à la main.

— Quand vous êtes remonté sur le Pharaon, chacun a donc pu voir que vous teniez une lettre ?

— Oui.

— Danglars comme les autres ?

— Danglars comme les autres.

— Maintenant, écoutez bien ; réunissez tous vos souvenirs : vous rappelez-vous dans quels termes était rédigée la dénonciation ?

— Oh ! oui ; je l’ai relue trois fois, et chaque parole en est restée dans ma mémoire.

— Répétez-la-moi.

Dantès se recueillit un instant.

— La voici, dit-il, textuellement :


« M. le procureur du roi est prévenu par un ami du trône et de la religion que le nommé Edmond Dantès, second du navire le Pharaon, arrivé ce matin de Smyrne, après avoir touché à Naples et à Porto-Ferrajo, a été chargé par Murat d’un paquet pour l’usurpateur, et par l’usurpateur d’une lettre pour le comité bonapartiste de Paris.

« On aura la preuve de son crime en l’arrêtant, car on trouvera cette lettre sur lui, ou chez son père, ou dans sa cabine à bord du Pharaon. »


L’abbé haussa les épaules.

— C’est clair comme le jour, dit-il, il faut que vous ayez eu le cœur bien naïf et bien bon pour n’avoir pas deviné la chose tout d’abord.

— Vous croyez ? s’écria Dantès. Ah ! ce serait bien infâme !