Page:Dumas - Le Comte de Monte-Cristo (1889) Tome 1.djvu/285

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aura égard à l’état, et ne donnera pas à l’enfer le méchant plaisir de lui envoyer un prêtre.

Un éclat de rire suivit cette mauvaise plaisanterie.

Pendant ce temps l’opération de l’ensevelissement se poursuivait.

— À ce soir ! dit le gouverneur lorsqu’elle fut finie.

— À quelle heure ? demanda le guichetier.

— Mais vers dix ou onze heures.

— Veillera-t-on le mort ?

— Pourquoi faire ? On fermera le cachot comme s’il était vivant, voilà tout.

Alors les pas s’éloignèrent, les voix allèrent s’affaiblissant, le bruit de la porte avec sa serrure criarde et ses verrous grinçants se fit entendre, un silence plus morne que celui de la solitude, le silence de la mort, envahit tout, jusqu’à l’âme glacée du jeune homme.

Alors il souleva lentement la dalle avec sa tête, et jeta un regard investigateur dans la chambre.

La chambre était vide ; Dantès sortit de la galerie.



XX

LE CIMETIÈRE DU CHÂTEAU D’IF.

Sur le lit, couché dans le sens de la longueur, et faiblement éclairé par un jour brumeux qui pénétrait à travers la fenêtre, on voyait un sac de toile grossière, sous les larges plis duquel se dessinait confusément une forme longue et raide : c’était le dernier linceul de Faria, ce linceul qui, au dire des guichetiers, coûtait si peu