Page:Dumas - Le Comte de Monte-Cristo (1889) Tome 2.djvu/115

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— Je vous attendrai, Monsieur, dit Morrel, et vous serez payé ou je serai mort.

Ces derniers mots furent prononcés si bas, que l’étranger ne put les entendre.

Les billets furent renouvelés, on déchira les anciens et le pauvre armateur se trouva au moins avoir trois mois devant lui pour réunir ses dernières ressources.

L’Anglais reçut ses remerciements avec le flegme particulier à sa nation et prit congé de Morrel, qui le reconduisit en le bénissant jusqu’à la porte.

Sur l’escalier il rencontra Julie. La jeune fille faisait semblant de descendre, mais en réalité elle l’attendait.

— Ô Monsieur ! dit-elle en joignant les mains.

— Mademoiselle, dit l’étranger, vous recevrez un jour une lettre signée… Simbad le marin… faites de point en point ce que vous dira cette lettre, si étrange que vous paraisse la recommandation.

— Oui, Monsieur, répondit Julie.

— Me promettez-vous de le faire ?

— Je vous le jure.

— Bien ! Adieu, Mademoiselle. Demeurez toujours une bonne et sainte fille comme vous êtes, et j’ai bon espoir que Dieu vous récompensera en vous donnant Emmanuel comme mari.

Julie poussa un petit cri, devint rouge comme une cerise et se retint à la rampe pour ne pas tomber.

L’étranger continua son chemin en lui faisant un geste d’adieu.

Dans la cour il rencontra Penelon, qui tenait un rouleau de cent francs de chaque main, et semblait ne pouvoir se décider à les emporter.

— Venez, mon ami, lui dit-il, j’ai à vous parler.