Page:Dumas - Le Comte de Monte-Cristo (1889) Tome 2.djvu/124

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Les femmes n’osèrent lui demander s’il avait bien dormi.

Morrel fut meilleur pour sa femme, et plus paternel pour sa fille qu’il n’avait jamais été ; il ne pouvait se rassasier de regarder et d’embrasser la pauvre enfant.

Julie se rappela la recommandation d’Emmanuel et voulut suivre son père lorsqu’il sortit ; mais celui-ci la repoussant avec douceur :

— Reste près de ta mère, lui dit-il.

Julie voulut insister.

— Je le veux ! dit Morrel.

C’était la première fois que Morrel disait à sa fille : Je le veux ! mais il le disait avec un accent empreint d’une si paternelle douceur, que Julie n’osa faire un pas en avant.

Elle resta à la même place, debout, muette et immobile. Un instant après, la porte se rouvrit, elle sentit deux bras qui l’entouraient, et une bouche qui se collait à son front.

Elle leva les yeux et poussa une exclamation de joie.

— Maximilien, mon frère ! s’écria-t-elle.

À ce cri madame Morrel accourut et se jeta dans les bras de son fils.

— Ma mère, dit le jeune homme en regardant alternativement madame Morrel et sa fille ; qu’y a-t-il donc et que se passe-t-il ? votre lettre m’a épouvanté et j’accours.

— Julie, dit madame Morrel en faisant signe au jeune homme, va dire à ton père que Maximilien vient d’arriver.

La jeune fille s’élança hors de l’appartement, mais, sur la première marche de l’escalier, elle trouva un homme tenant une lettre à la main.

— N’êtes-vous pas mademoiselle Julie Morrel ? dit cet homme avec un accent italien des plus prononcés.