Page:Dumas - Le Comte de Monte-Cristo (1889) Tome 2.djvu/204

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— Tu as bien fait, lui dit le vieillard d’une voix sourde. Embrasse-moi, mon fils.

Carlini se jeta en sanglotant dans les bras du père de sa maîtresse. C’étaient les premières larmes que versait cet homme de sang.

— Maintenant, dit le vieillard à Carlini, aide-moi à enterrer ma fille.

Carlini alla chercher deux pioches, et le père et l’amant se mirent à creuser la terre au pied d’un chêne dont les branches touffues devaient recouvrir la tombe de la jeune fille.

Quand la tombe fut creusée, le père l’embrassa le premier, l’amant ensuite ; puis, l’un la prenant par les pieds, l’autre par-dessous les épaules, ils la descendirent dans la fosse.

Puis ils s’agenouillèrent des deux côtés et dirent les prières des morts.

Puis, lorsqu’ils eurent fini, ils repoussèrent la terre sur le cadavre jusqu’à ce que la fosse fût comblée.

Alors lui tendant la main :

— Je te remercie, mon fils ! dit le vieillard à Carlini ; maintenant, laisse-moi seul.

— Mais cependant… dit celui-ci.

— Laisse-moi, je te l’ordonne.

Carlini obéit, alla rejoindre ses camarades, s’enveloppa dans son manteau, et bientôt parut aussi profondément endormi que les autres.

Il avait été décidé la veille que l’on changerait de campement.

Une heure avant le jour Cucumetto éveilla ses hommes et l’ordre fut donné de partir.

Mais Carlini ne voulut pas quitter la forêt sans savoir ce qu’était devenu le père de Rita.