Page:Dumas - Le Comte de Monte-Cristo (1889) Tome 2.djvu/225

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d’Ostie et de Gaëte que sur celles de Corse, de Toscane et d’Espagne ; et comme lui-même, autant que pouvait se le rappeler Franz, avait parlé de Tunis et de Palerme c’était une preuve qu’il embrassait un cercle de relations assez étendu.

Mais si puissantes que fussent sur l’esprit du jeune homme toutes ces réflexions, elles s’évanouirent à l’instant où il vit s’élever devant lui le spectre sombre et gigantesque du Colisée, à travers les ouvertures duquel la lune projetait ces longs et pâles rayons qui tombent des yeux des fantômes. La voiture arrêta à quelques pas de la Mesa Sudans. Le cocher vint ouvrir la portière ; les deux jeunes gens sautèrent à bas de la voiture et se trouvèrent en face d’un cicerone qui semblait sortir de dessous terre.

Comme celui de l’hôtel les avait suivis, cela leur en faisait deux.

Impossible, au reste, d’éviter à Rome ce luxe de guides : outre le cicerone général qui s’empare de vous au moment où vous mettez le pied sur le seuil de la porte de l’hôtel, et qui ne vous abandonne plus que le jour où vous mettez le pied hors de la ville, il y a encore un cicerone spécial attaché à chaque monument, et je dirai presque à chaque fraction du monument. Qu’on juge donc si l’on doit manquer de ciceroni au Colosseo, c’est-à-dire au monument par excellence, qui faisait dire à Martial :

« Que Memphis cesse de nous vanter les barbares miracles de ses pyramides, que l’on ne chante plus les merveilles de Babylone ; tout doit céder devant l’immense travail de l’amphithéâtre des Césars, et toutes les voix de la renommée doivent se réunir pour vanter ce monument. »