Page:Dumas - Le Comte de Monte-Cristo (1889) Tome 2.djvu/303

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Franz se trouva dans l’obscurité la plus profonde.

Du même coup tous les cris cessèrent, comme si le souffle puissant qui avait emporté les lumières emportait en même temps le bruit.

On n’entendit plus que le roulement des carrosses qui menaient les masques chez eux ; on ne vit plus que les rares lumières qui brillaient derrière les fenêtres.

Le carnaval était fini.



XVI

LES CATACOMBES DE SAINT-SÉBASTIEN.

Peut-être, de sa vie, Franz n’avait-il éprouvé une impression si tranchée, un passage si rapide de la gaieté à la tristesse, que dans ce moment ; on eût dit que Rome, sous le souffle magique de quelque démon de la nuit, venait de se changer en un vaste tombeau. Par un hasard qui ajoutait encore à l’intensité des ténèbres, la lune, qui était dans sa décroissance, ne devait se lever que vers les onze heures du soir ; les rues que le jeune homme traversait étaient donc plongées dans la plus profonde obscurité. Au reste, le trajet était court ; au bout de dix minutes, sa voiture ou plutôt celle du comte s’arrêta devant l’hôtel de Londres.

Le dîner attendait ; mais comme Albert avait prévenu qu’il ne comptait pas rentrer de si tôt, Franz se mit à table sans lui.

Maître Pastrini, qui avait l’habitude de les voir dîner