Page:Dumas - Le Comte de Monte-Cristo (1889) Tome 2.djvu/34

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Alors il se mit à attaquer avec sa pioche cette muraille intermédiaire cimentée par le temps.

Après un travail de dix minutes la muraille céda, et un trou à y fourrer le bras fut ouvert.

Dantès alla couper l’olivier le plus fort qu’il put trouver, le dégarnit de ses branches, l’introduisit dans le trou et en fit un levier.

Mais le roc était à la fois trop lourd et calé trop solidement par le rocher inférieur, pour qu’une force humaine, fût-ce celle d’Hercule lui-même, pût l’ébranler.

Dantès réfléchit alors que c’était cette cale elle-même qu’il fallait attaquer.

Mais par quel moyen ?

Dantès jeta les yeux autour de lui, comme font les hommes embarrassés ; et son regard tomba sur une corne de mouflon pleine de poudre que lui avait laissée son ami Jacopo.

Il sourit : l’invention infernale allait faire son œuvre.

À l’aide de sa pioche Dantès creusa, entre le rocher supérieur et celui sur lequel il était posé, un conduit de mine comme ont l’habitude de faire les pionniers, lorsqu’ils veulent épargner au bras de l’homme une trop grande fatigue, puis il le bourra de poudre ; puis, effilant son mouchoir et le roulant dans le salpêtre, il en fit une mèche.

Le feu mis à cette mèche, Dantès s’éloigna.

L’explosion ne se fit pas attendre : le rocher supérieur fut en un instant soulevé par l’incalculable force, le rocher inférieur vola en éclats ; par la petite ouverture qu’avait d’abord pratiquée Dantès, s’échappa tout un monde d’insectes frémissants, et une couleuvre énorme, gardien de ce chemin mystérieux, roula sur ses volutes bleuâtres et disparut.

Dantès s’approcha : le rocher supérieur, désormais