Page:Dumas - Le Comte de Monte-Cristo (1889) Tome 2.djvu/37

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Descendons.

Alors il descendit le sourire du doute sur les lèvres, en murmurant ce dernier mot de la sagesse humaine : Peut-être !…

Mais, au lieu des ténèbres qu’il s’était attendu à trouver, au lieu d’une atmosphère opaque et viciée, Dantès ne vit qu’une douce lueur décomposée en jour bleuâtre ; l’air et la lumière filtraient non seulement par l’ouverture qui venait d’être pratiquée, mais encore par des gerçures de rochers invisibles du sol extérieur, et à travers lesquels on voyait l’azur du ciel où se jouaient les branches tremblotantes des chênes verts et des ligaments épineux et rampants des ronces.

Après quelques secondes de séjour dans cette grotte, dont l’atmosphère plutôt tiède qu’humide, plutôt odorante que fade, était à la température de l’île ce que la lueur bleue était au soleil, le regard de Dantès, habitué, comme nous l’avons dit, aux ténèbres, put sonder les angles les plus reculés de la caverne : elle était de granit dont les facettes pailletées étincelaient comme des diamants.

— Hélas ! se dit Edmond en souriant, voilà sans doute tous les trésors qu’aura laissés le cardinal ; et ce bon abbé, en voyant en rêve ces murs tout resplendissants, se sera entretenu dans ses riches espérances.

Mais Dantès se rappela les termes du testament, qu’il savait par cœur : « Dans l’angle le plus éloigné de la seconde ouverture, » disait ce testament.

Dantès avait pénétré seulement dans la première grotte, il fallait chercher maintenant l’entrée de la seconde.

Dantès s’orienta : cette seconde grotte devait naturellement s’enfoncer dans l’intérieur de l’île ; il examina les souches des pierres, et il alla frapper à une des parois