Page:Dumas - Le Comte de Monte-Cristo (1889) Tome 2.djvu/48

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trente-cinq heures. Dantès avait parfaitement reconnu le gisement de la côte ; et, au lieu d’aborder au port habituel, il jeta l’ancre dans la petite crique.

L’île était déserte ; personne ne paraissait y avoir abordé depuis que Dantès en était parti ; il alla à son trésor : tout était dans le même état qu’il l’avait laissé.

Le lendemain son immense fortune était transportée à bord du yacht et enfermée dans les trois compartiments de l’armoire à secret.

Dantès attendit huit jours encore. Pendant huit jours il fit manœuvrer son yacht autour de l’île, l’étudiant comme un écuyer étudie un cheval : au bout de ce temps, il en connaissait toutes les qualités et tous les défauts ; Dantès se promit d’augmenter les unes et de remédier aux autres.

Le huitième jour Dantès vit un petit bâtiment qui venait sur l’île toutes voiles dehors, et reconnut la barque de Jacopo ; il fit un signal auquel Jacopo répondit, et deux heures après la barque était près du yacht.

Il y avait une triste réponse à chacune des deux demandes faites par Edmond.

Le vieux Dantès était mort.

Mercédès avait disparu.

Edmond écouta ces deux nouvelles d’un visage calme ; mais aussitôt il descendit à terre, en défendant que personne l’y suivît.

Deux heures après il revint : deux hommes de la barque de Jacopo passèrent sur son yacht pour l’aider à la manœuvre, et il donna l’ordre de mettre le cap sur Marseille. Il prévoyait la mort de son père ; mais Mercédès, qu’était-elle devenue ?

Sans divulguer son secret, Edmond ne pouvait donner d’instructions suffisantes à un agent ; d’ailleurs il y