Page:Dumas - Le Comte de Monte-Cristo (1889) Tome 3.djvu/152

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

J’en suis charmé, dis-je ; je n’aurai pas besoin de me présenter moi-même, ce qui est toujours assez embarrassant. Vous aviez donc, disiez-vous, reçu une lettre d’avis ?

— Oui, dit Danglars ; mais je vous avoue que je n’en ai pas parfaitement compris le sens.

— Bah !

— Et j’avais même eu l’honneur de passer chez vous pour vous demander quelques explications.

— Faites, monsieur, me voilà, j’écoute et suis prêt à vous entendre.

— Cette lettre, dit Danglars, je l’ai sur moi, je crois (il fouilla dans sa poche). Oui, la voici : cette lettre ouvre à M. le comte de Monte-Cristo un crédit illimité sur ma maison.

— Eh bien ! monsieur le baron, que voyez-vous d’obscur là-dedans ?

— Rien, monsieur ; seulement le mot illimité

— Eh bien, ce mot n’est-il pas français ?… Vous comprenez, ce sont des Anglo-Allemands qui écrivent.

— Oh ! si fait, monsieur, et du côté de la syntaxe il n’y a rien à redire, mais il n’en est pas de même du côté de la comptabilité.

— Est-ce que la maison Thomson et French, demanda Monte-Cristo de l’air le plus naïf qu’il put prendre, n’est point parfaitement sûre, à votre avis, monsieur le baron ? Diable ! cela me contrarierait, car j’ai quelques fonds placés chez elle.

— Ah ! parfaitement sûre, répondit Danglars avec un sourire presque railleur ; mais le sens du mot illimité, en matière de finances, est tellement vague…

— Qu’il est illimité, n’est-ce pas ? dit Monte-Cristo.

— C’est justement cela, monsieur, que je voulais dire.