Page:Dumas - Le Comte de Monte-Cristo (1889) Tome 3.djvu/292

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— L’acte de naissance d’Andrea Cavalcanti, de votre fils ; ne s’appelle-t-il pas Andrea ?

— Je crois que oui, dit le Lucquois.

— Comment ! vous le croyez ?

— Dame ! je n’ose pas affirmer, il y a si longtemps qu’il est perdu.

— C’est juste, dit Monte-Cristo. Enfin vous avez tous ces papiers ?

— Monsieur le comte, c’est avec regret que je vous annonce que, n’étant pas prévenu de me munir de ces pièces, j’ai négligé de les prendre avec moi.

— Ah ! diable, fit Monte-Cristo.

— Étaient-elles donc tout à fait nécessaires ?

— Indispensables !

Le Lucquois se gratta le front.

— Ah ! per Baccho ! dit-il, indispensables !

— Sans doute ; si l’on allait élever ici quelque doute sur la validité de votre mariage, sur la légitimité de votre enfant !

— C’est juste, dit le Lucquois, on pourrait élever des doutes.

— Ce serait fâcheux pour ce jeune homme.

— Ce serait fatal.

— Cela pourrait lui faire manquer quelque magnifique mariage.

O peccato !

— En France, vous comprenez, on est sévère ; il ne suffit pas, comme en Italie, d’aller trouver un prêtre et de lui dire : Nous nous aimons, unissez-nous. Il y a mariage civil en France, et, pour se marier civilement, il faut des pièces qui constatent l’identité.

— Voilà le malheur : ces papiers, je ne les ai pas.

— Heureusement que je les ai, moi, dit Monte-Cristo.