Page:Dumas - Le Comte de Monte-Cristo (1889) Tome 3.djvu/86

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inutilement sur le rebord de la cheminée et sur les planches y attenantes, c’est que je n’ai pas de bougies ici.

— Prenez une des lanternes de la voiture, Bertuccio, et montrez-moi les appartements, dit le comte.

L’intendant obéit sans observation, mais il était facile à voir, au tremblement de la main qui tenait la lanterne, ce qu’il lui en coûtait pour obéir.

On parcourut un rez-de-chaussée assez vaste ; un premier étage composé d’un salon, d’une salle de bains et de deux chambres à coucher. Par une de ces chambres à coucher, on arrivait à un escalier tournant dont l’extrémité aboutissait au jardin.

— Tiens, voilà un escalier de dégagement, dit le comte, c’est assez commode. Éclairez-moi, monsieur Bertuccio ; passez devant, et allons où cet escalier nous conduira.

— Monsieur, dit Bertuccio, il va au jardin.

— Et comment savez-vous cela, je vous prie ?

— C’est-à-dire qu’il doit y aller.

— Eh bien, assurons-nous-en.

Bertuccio poussa un soupir et marcha devant. L’escalier aboutissait effectivement au jardin.

À la porte extérieure l’intendant s’arrêta.

— Allons donc, monsieur Bertuccio ! dit le comte.

Mais celui auquel il s’adressait était abasourdi, stupide, anéanti. Ses yeux égarés cherchaient tout autour de lui comme les traces d’un passé terrible, et de ses mains crispées il semblait essayer de repousser des souvenirs affreux.

— Eh bien ? insista le comte.

— Non ! non ! s’écria Bertuccio en posant la main à l’angle du mur intérieur ; non, monsieur, je n’irai pas plus loin, c’est impossible !