Page:Dumas - Le Comte de Monte-Cristo (1889) Tome 4.djvu/102

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— Elle a étudié toute la soirée, répondit mademoiselle Cornélie, et ensuite elle s’est couchée.

— Il me semble cependant que j’entends son piano ?

— C’est mademoiselle Louise d’Armilly qui fait de la musique pendant que mademoiselle est au lit.

— Bien, dit madame Danglars ; venez me déshabiller.

On entra dans la chambre à coucher. Debray s’étendit sur un grand canapé, et madame Danglars passa dans son cabinet de toilette avec mademoiselle Cornélie.

— Mon cher monsieur Lucien, dit madame Danglars à travers la portière du cabinet, vous vous plaignez toujours qu’Eugénie ne vous fait pas l’honneur de vous adresser la parole ?

— Madame, dit Lucien jouant avec le petit chien de la baronne, qui, reconnaissant sa qualité d’ami de la maison, avait l’habitude de lui faire mille caresses, je ne suis pas le seul à vous faire de pareilles récriminations, et je crois avoir entendu Morcerf se plaindre l’autre jour à vous-même de ne pouvoir tirer une seule parole de sa fiancée.

— C’est vrai, dit madame Danglars ; mais je crois qu’un de ces matins tout cela changera, et que vous verrez entrer Eugénie dans votre cabinet.

— Dans mon cabinet, à moi ?

— C’est-à-dire dans celui du ministre.

— Et pourquoi cela ?

— Pour vous demander un engagement à l’Opéra ! En vérité, je n’ai jamais vu un tel engouement pour la musique : c’est ridicule pour une personne du monde !

Debray sourit.

— Eh bien ! dit-il, qu’elle vienne avec le consentement du baron et le vôtre, nous lui ferons cet engagement, et nous tâcherons qu’il soit selon son mérite, quoique