Page:Dumas - Le Comte de Monte-Cristo (1889) Tome 4.djvu/196

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Il était une heure du matin. Barrois, qui avait envie de se coucher lui-même, fit observer qu’après une soirée aussi douloureuse, tout le monde avait besoin de repos. Le vieillard ne voulut pas dire que son repos, à lui, c’était de voir son enfant. Il congédia Valentine, à qui effectivement la douleur et la fatigue donnaient un air souffrant.

Le lendemain, en entrant chez sa grand-mère, Valentine trouva celle-ci au lit : la fièvre ne s’était point calmée ; au contraire, un feu sombre brillait dans les yeux de la vieille marquise, et elle paraissait en proie à une violente irritation nerveuse.

— Oh ! mon Dieu ! bonne-maman, souffrez-vous davantage ? s’écria Valentine en apercevant tous ces symptômes d’agitation.

— Non, ma fille, non, dit madame de Saint-Méran ; mais j’attendais avec impatience que tu fusses arrivée pour envoyer chercher ton père.

— Mon père ? demanda Valentine inquiète.

— Oui, je veux lui parler.

Valentine n’osa point s’opposer au désir de son aïeule, dont d’ailleurs elle ignorait la cause, et un instant après Villefort entra.

— Monsieur, dit madame de Saint-Méran, sans employer aucune circonlocution, et comme si elle eût paru craindre que le temps lui manquât, il est question, m’avez-vous écrit, d’un mariage pour cette enfant ?

— Oui, madame, répondit Villefort ; c’est même plus qu’un projet, c’est une convention.

— Votre gendre s’appelle M. Franz d’Épinay ?

— Oui, madame.

— C’est le fils du général d’Épinay, qui était des nôtres, et qui fut assassiné quelques jours avant que l’usurpateur revint de l’île d’Elbe ?