Page:Dumas - Le Comte de Monte-Cristo (1889) Tome 4.djvu/200

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voir un notaire pour m’assurer que tout notre bien revient à Valentine.

— Oh ! ma mère, murmura Valentine, en appuyant ses lèvres sur le front brûlant de l’aïeule, vous voulez donc me faire mourir ? Mon Dieu ! vous avez la fièvre. Ce n’est pas un notaire qu’il faut appeler, c’est un médecin !

— Un médecin ? dit-elle en haussant les épaules ; je ne souffre pas ; j’ai soif, voilà tout.

— Que buvez-vous, bonne-maman ?

— Comme toujours, tu sais bien, mon orangeade. Mon verre est là sur cette table ; passe-le-moi, Valentine.

Valentine versa l’orangeade de la carafe dans le verre et le prit avec un certain effroi pour le donner à sa grand-mère, car c’était ce même verre qui, prétendait-elle, avait été touché par l’ombre.

La marquise vida le verre d’un seul trait.

Puis elle se retourna sur son oreiller en répétant :

— Le notaire, le notaire !

M. de Villefort sortit, Valentine s’assit près du lit de sa grand-mère. La pauvre enfant semblait avoir grand besoin elle-même de ce médecin qu’elle avait recommandé à son aïeule. Une rougeur pareille à une flamme brûlait la pommette de ses joues, sa respiration était courte et haletante, et son pouls battait comme si elle avait eu la fièvre.

C’est qu’elle songeait, la pauvre enfant, au désespoir de Maximilien quand il apprendrait que madame de Saint-Méran, au lieu de lui être une alliée, agissait, sans le connaître, comme si elle lui était ennemie.

Plus d’une fois Valentine avait songé à tout dire à sa grand-mère, et elle n’eût pas hésité un seul instant si Maximilien Morrel s’était appelé Albert de Morcerf ou