Page:Dumas - Le Comte de Monte-Cristo (1889) Tome 4.djvu/84

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

— Madame Danglars se trouve mal, balbutia Villefort ; peut-être faudrait-il la transporter à sa voiture.

— Oh ! mon Dieu ! dit Monte-Cristo, et moi qui ait oublié mon flacon !

— J’ai le mien, dit madame de Villefort.

Et elle passa à Monte-Cristo un flacon plein d’une liqueur rouge pareille à celle dont le comte avait essayé sur Édouard la bienfaisante influence.

— Ah !… dit Monte-Cristo en le prenant des mains de madame de Villefort.

— Oui, murmura celle-ci, sur vos indications j’ai essayé.

— Et vous avez réussi ?

— Je le crois.

On avait transporté madame Danglars dans la chambre à côté. Monte-Cristo laissa tomber sur ses lèvres une goutte de la liqueur rouge, elle revint à elle.

— Oh ! dit-elle, quel rêve affreux !

Villefort lui serra fortement le poignet pour lui faire comprendre qu’elle n’avait pas rêvé.

On chercha M. Danglars ; mais, peu disposé aux impressions poétiques, il était descendu au jardin, et causait, avec M. Cavalcanti père, d’un projet de chemin de fer de Livourne à Florence.

Monte-Cristo semblait désespéré ; il prit le bras de madame Danglars et la conduisit au jardin, où l’on retrouva M. Danglars prenant le café entre MM. Cavalcanti père et fils.

— En vérité, madame, lui dit-il, est-ce que je vous ai fort effrayée ?

— Non, monsieur, mais, vous savez, les choses nous impressionnent selon la disposition d’esprit où nous nous trouvons.