Page:Dumas - Le Comte de Monte-Cristo (1889) Tome 5.djvu/151

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— Et quel est ce témoin, ou plutôt cet ennemi ? demanda le comte d’une voix dans laquelle il était facile de remarquer une profonde altération.

— Nous allons le savoir, monsieur, répondit le président. La commission est-elle d’avis d’entendre ce témoin ?

— Oui, oui ! dirent en même temps toutes les voix.

On rappela l’huissier.

— Huissier, demanda le président, y a-t-il quelqu’un qui attende dans le vestibule ?

— Oui, monsieur le président.

— Qui est-ce que ce quelqu’un ?

— Une femme accompagnée d’un serviteur.

Chacun se regarda.

— Faites entrer cette femme, dit le président.

Cinq minutes après, l’huissier reparut ; tous les yeux étaient fixés sur la porte, et moi-même, dit Beauchamp, je partageais l’attente et l’anxiété générales.

Derrière l’huissier marchait une femme enveloppée d’un grand voile qui la cachait tout entière. On devinait bien, aux formes que trahissait ce voile et aux parfums qui s’en exhalaient, la présence d’une femme jeune et élégante, mais voilà tout.

Le président pria l’inconnue d’écarter son voile et l’on put voir alors que cette femme était vêtue à la grecque ; en outre, elle était d’une suprême beauté.

— Ah ! dit Morcerf, c’était elle.

— Comment, elle ?

— Oui, Haydée.

— Qui vous l’a dit ?

— Hélas ! je le devine. Mais continuez, Beauchamp, je vous prie. Vous voyez que je suis calme et fort. Et cependant nous devons approcher du dénoûment.