l’appela. Un des nobles pairs à qui la langue arabe, qu’il avait apprise pendant la sublime campagne d’Égypte, était familière, suivit sur le vélin la lecture que le traducteur en fit à haute voix :
« Moi, El-Kobbir, marchand d’esclaves et fournisseur du harem de S. H., reconnais avoir reçu, pour la remettre au sublime empereur, du seigneur franc comte de Monte-Cristo, une émeraude évaluée deux mille bourses, pour prix d’une jeune esclave chrétienne âgée de onze ans, du nom de Haydée, et fille reconnue du défunt seigneur Ali-Tebelin, pacha de Janina, et de Vasiliki, sa favorite ; laquelle m’avait été vendue, il y a sept ans, avec sa mère, morte en arrivant à Constantinople, par un colonel franc au service du vizir Ali-Tebelin, nommé Fernand Mondego.
« La susdite vente m’avait été faite pour le compte de S. H., dont j’avais mandat, moyennant la somme de mille bourses.
« Fait à Constantinople, avec autorisation de S. H., l’année 1247 de l’Hégire.
« Le présent acte, pour lui donner toute foi, toute croyance et toute authenticité, sera revêtu du sceau impérial, que le vendeur s’oblige à y faire apposer. »
Près de la signature du marchand on voyait en effet le sceau du sublime empereur.
À cette lecture et à cette vue succéda un silence terrible ; le comte n’avait plus que le regard, et ce regard, attaché comme malgré lui sur Haydée, semblait de flamme et de sang.
— Madame, dit le président, ne peut-on interroger le