Page:Dumas - Le Comte de Monte-Cristo (1889) Tome 5.djvu/164

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monde, et je ne m’adresse à M. Cavalcanti que parce qu’il m’a semblé avoir eu un instant l’intention d’intervenir dans notre discussion. Et puis, tenez, au reste, vous avez raison, dit-il, je cherche aujourd’hui querelle à tout le monde ; mais soyez tranquille, monsieur Danglars, la priorité vous appartient.

— Monsieur, répondit Danglars, pâle de colère et de peur, je vous avertis que lorsque j’ai le malheur de rencontrer sur mon chemin un dogue enragé, je le tue, et que, loin de me croire coupable, je pense avoir rendu un service à la société. Or, si vous êtes enragé et que vous tendiez à me mordre, je vous en préviens, je vous tuerai sans pitié. Tiens ! est-ce ma faute, à moi, si votre père est déshonoré ?

— Oui, misérable ! s’écria Morcerf, c’est ta faute !

Danglars fit un pas en arrière.

— Ma faute ! à moi, dit-il ; mais vous êtes fou ! Est-ce que je sais l’histoire grecque, moi ? Est-ce que j’ai voyagé dans tous ces pays-là ? Est-ce que c’est moi qui ai conseillé à votre père de vendre les châteaux de Janina ? de trahir…

— Silence ! dit Albert d’une voix sourde. Non, ce n’est pas vous qui directement avez fait cet éclat et causé ce malheur, mais c’est vous qui l’avez hypocritement provoqué.

— Moi !

— Oui, vous ! D’où vient la révélation ?

— Mais il me semble que le journal vous l’a dit : de Janina, parbleu !

— Qui a écrit à Janina ?

— À Janina ?

— Oui. Qui a écrit pour demander des renseignements sur mon père ?