Page:Dumas - Le Comte de Monte-Cristo (1889) Tome 5.djvu/235

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— Oui, bon-papa, dit Valentine, c’est comme cela. Tout à l’heure, avant de descendre chez vous, j’ai bu un verre d’eau sucrée ; eh bien ! j’en ai laissé la moitié, tant cette eau m’a paru amère.

Noirtier pâlit, et fit signe qu’il voulait parler.

Valentine se leva pour aller chercher le dictionnaire.

Noirtier la suivait des yeux avec une angoisse visible.

En effet, le sang montait à la tête de la jeune fille, ses joues se colorèrent.

— Tiens ! s’écria-t-elle sans rien perdre de sa gaieté, c’est singulier : un éblouissement ! Est-ce donc le soleil qui m’a frappé dans les yeux ?…

Et elle s’appuya à l’espagnolette de la fenêtre.

— Il n’y a pas de soleil, dit Morrel encore plus inquiet de l’expression du visage de Noirtier que de l’indisposition de Valentine.

Et il courut à Valentine.

La jeune fille sourit.

— Rassure-toi, bon père, dit-elle à Noirtier ; rassurez-vous, Maximilien, ce n’est rien, et la chose est déjà passée : mais, écoutez donc ! n’est-ce pas le bruit d’une voiture que j’entends dans la cour ?

Elle ouvrit la porte de Noirtier, courut à une fenêtre du corridor, et revint précipitamment.

— Oui, dit-elle, c’est madame Danglars et sa fille qui viennent nous faire une visite. Adieu, je me sauve, car on me viendrait chercher ici ; ou plutôt, au revoir, restez près de bon-papa, monsieur Maximilien, je vous promets de ne pas les retenir.

Morrel la suivit des yeux, la vit refermer la porte, et l’entendit monter le petit escalier qui conduisait à la fois chez madame de Villefort et chez elle.

Dès qu’elle eut disparu, Noirtier fit signe à Morrel de