Page:Dumas - Le Comte de Monte-Cristo (1889) Tome 5.djvu/276

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C’est le nom de votre père, si connu et si honoré en Italie ; personnellement, moi je ne vous connais pas.

Ce calme, cette parfaite aisance firent comprendre à Andrea qu’il était pour le moment étreint par une main plus musculeuse que la sienne, et que l’étreinte n’en pouvait être facilement brisée.

— Ah çà ! mais, dit-il, mon père a donc vraiment une bien grande fortune, monsieur le comte ?

— Il paraît que oui, monsieur, répondit Monte-Cristo.

— Savez-vous si la dot qu’il m’a promise est arrivée ?

— J’en ai reçu la lettre d’avis.

— Mais les trois millions ?

— Les trois millions sont en route, selon toute probabilité.

— Je les toucherai donc réellement ?

— Mais, dame ! reprit le comte, il me semble que jusqu’à présent, monsieur, l’argent ne vous a pas fait faute !

Andrea fut tellement surpris, qu’il ne put s’empêcher de rêver un moment.

— Alors, dit-il en sortant de sa rêverie, il me reste, monsieur, à vous adresser une demande, et celle-là vous la comprendrez, même quand elle devrait vous être désagréable.

— Parlez, dit Monte-Cristo.

— Je me suis mis en relation, grâce à ma fortune, avec beaucoup de gens distingués, et j’ai même, pour le moment du moins, une foule d’amis. Mais en me mariant comme je le fais, en face de toute la société parisienne, je dois être soutenu par un nom illustre, et à défaut de la main paternelle, c’est une main puissante qui doit me conduire à l’autel ; or, mon père ne vient point à Paris, n’est-ce pas ?