Page:Dumas - Le Comte de Monte-Cristo (1889) Tome 5.djvu/82

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— Deux ou trois fois par semaine ; demain, par exemple, il doit y aller passer la journée et la nuit.

— Tu en es sûr ?

— Il m’a invité à y aller dîner.

— À la bonne heure ! voilà une existence, dit Caderousse : maison à la ville, maison à la campagne !

— Voilà ce que c’est que d’être riche.

— Et iras-tu dîner ?

— Probablement.

— Quand tu y dînes, y couches-tu ?

— Quand cela me fait plaisir. Je suis chez le comte comme chez moi.

Caderousse regarda le jeune homme comme pour arracher la vérité du fond de son cœur. Mais Andrea tira une boîte à cigares de sa poche, y prit un havane, l’alluma tranquillement et commença à le fumer sans affectation.

— Quand veux-tu les cinq cents francs ? demanda-t-il à Caderousse.

— Mais tout de suite, si tu les as.

Andrea tira vingt-cinq louis de sa poche.

— Des jaunets, dit Caderousse ; non, merci !

— Eh bien ! tu les méprises ?

— Je les estime, au contraire ; mais je n’en veux pas.

— Tu gagneras le change, imbécile : l’or vaut cinq sous.

— C’est ça, et puis le changeur fera suivre l’ami Caderousse, et puis on lui mettra la main dessus, et puis il faudra qu’il dise quels sont les fermiers qui lui payent ses redevances en or. Pas de bêtises, le petit : de l’argent tout simplement, des pièces rondes à l’effigie d’un monarque quelconque. Tout le monde peut atteindre à une pièce de cinq francs.

— Tu comprends bien que je n’ai pas cinq cents francs