Page:Dumas - Le Comte de Monte-Cristo (1889) Tome 5.djvu/89

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— Si fait, le concierge.

— Monsieur le comte réfléchira qu’il y a loin de la loge à la maison.

— Eh bien ?

— Eh bien, on pourrait dévaliser tout le logis, sans qu’il entendît le moindre bruit.

— Qui cela ?

— Mais des voleurs.

— Vous êtes un niais, monsieur Baptistin ; les voleurs dévalisassent-ils tout le logement, ne m’occasionneront jamais le désagrément que m’occasionnerait un service mal fait.

Baptistin s’inclina.

— Vous m’entendez, dit le comte, ramenez vos camarades depuis le premier jusqu’au dernier ; mais que tout reste dans l’état habituel ; vous fermerez les volets du rez-de-chaussée, voilà tout.

— Et ceux du premier ?

— Vous savez qu’on ne les ferme jamais. Allez.

Le comte fit dire qu’il dînerait seul chez lui, et ne voulait être servi que par Ali.

Il dîna avec sa tranquillité et sa sobriété habituelles, et après le dîner, faisant signe à Ali de le suivre, il sortit par la petite porte, gagna le bois de Boulogne comme s’il se promenait, prit sans affectation le chemin de Paris, et à la nuit tombante se trouva en face de sa maison des Champs-Élysées.

Tout était sombre : seule une faible lumière brûlait dans la loge du concierge, distante d’une quarantaine de pas de la maison, comme l’avait dit Baptistin.

Monte-Cristo s’adossa à un arbre, et de cet œil qui se trompait si rarement, sonda la double allée, examina les passants, et plongea son regard dans les rues voisines,