Page:Dumas - Le Comte de Monte-Cristo (1889) Tome 6.djvu/114

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et prenant les mains de Julie et d’Emmanuel qu’il réunit en les pressant dans les siennes, il leur dit, avec la douce autorité d’un père :

— Mes bons amis, laissez-moi seul, je vous prie, avec Maximilien.

C’était un moyen pour Julie d’emporter cette relique précieuse dont oubliait de reparler Monte-Cristo.

Elle entraîna vivement son mari.

— Laissons-les, dit-elle.

Le comte resta avec Morrel, qui demeurait immobile comme une statue.

— Voyons, dit le comte en lui touchant l’épaule avec son doigt de flamme ; redeviens-tu enfin un homme, Maximilien ?

— Oui, car je recommence à souffrir.

Le front du comte se plissa, livré qu’il paraissait être à une sombre hésitation.

— Maximilien ! Maximilien ! dit-il, ces idées où tu te plonges sont indignes d’un chrétien.

— Oh ! tranquillisez-vous, ami, dit Morrel en relevant la tête et en montrant au comte un sourire empreint d’une ineffable tristesse, ce n’est plus moi qui chercherai la mort.

— Ainsi, dit Monte-Cristo, plus d’armes, plus de désespoir ?

— Non, car j’ai mieux, pour me guérir de ma douleur, que le canon d’un pistolet ou la pointe d’un couteau.

— Pauvre fou !… qu’avez-vous donc ?

— J’ai ma douleur elle-même qui me tuera.

— Ami, dit Monte-Cristo avec une mélancolie égale à la sienne, écoutez-moi :

Un jour, dans un moment de désespoir égal au tien, puisqu’il amenait une résolution semblable, j’ai comme