Page:Dumas - Le Comte de Monte-Cristo (1889) Tome 6.djvu/167

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rir la peine de mort contre un assassin… Si je vous retrouve vivante, vous coucherez ce soir à la Conciergerie.

Madame de Villefort poussa un soupir, ses nerfs se détendirent, elle s’affaissa brisée sur le tapis.

Le procureur du roi parut éprouver un mouvement de pitié, il la regarda moins sévèrement, et s’inclinant légèrement devant elle :

— Adieu, madame, dit-il lentement ; adieu !

Cet adieu tomba comme le couteau mortel sur madame de Villefort. Elle s’évanouit.

Le procureur du roi sortit, et, en sortant, ferma la porte à double tour.



XII

LES ASSISES.

L’affaire Benedetto, comme on disait alors au Palais et dans le monde, avait produit une énorme sensation. Habitué du Café de Paris, du boulevard de Gand et du bois de Boulogne, le faux Cavalcanti, pendant qu’il était resté à Paris et pendant les deux ou trois mois qu’avait duré sa splendeur, avait fait une foule de connaissances. Les journaux avaient raconté les diverses stations du prévenu dans sa vie élégante et dans sa vie du bagne ; il en résultait la plus vive curiosité chez ceux-là surtout qui avaient personnellement connu le prince Andrea Cavalcanti ; aussi ceux-là surtout étaient-ils décidés à tout risquer pour aller voir sur le banc des accusés M. Benedetto, l’assassin de son camarade de chaîne.