Page:Dumas - Le Comte de Monte-Cristo (1889) Tome 6.djvu/241

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Mais Danglars avait compté sans les formalités de la police et sans la paresse du maître de poste.

Les chevaux arrivèrent à deux heures seulement, et le cicerone ne rapporta le passeport visé qu’à trois.

Tous ces préparatifs avaient amené devant la porte de maître Pastrini bon nombre de badauds.

Les descendants des Gracques et de Marius ne manquaient pas non plus.

Le baron traversa triomphalement ces groupes, qui l’appelaient Excellence pour avoir un bajocco.

Comme Danglars, homme très populaire, comme on sait, s’était contenté de se faire appeler baron jusque-là et n’avait pas encore été traité d’Excellence, ce titre le flatta, et il distribua une douzaine de pauls à toute cette canaille, toute prête, pour douze autres pauls, à le traiter d’Altesse.

— Quelle route ? demanda le postillon en italien.

— Route d’Ancône, répondit le baron.

Maître Pastrini traduisit la demande et la réponse, et la voiture partit au galop.

Danglars voulait effectivement passer à Venise et y prendre une partie de sa fortune, puis de Venise aller à Vienne, où il réaliserait le reste.

Son intention était de se fixer dans cette dernière ville, qu’on lui avait assuré être une ville de plaisirs.

À peine eut-il fait trois lieues dans la campagne de Rome, que la nuit commença de tomber ; Danglars n’avait pas cru partir si tard, sinon il serait resté ; il demanda au postillon combien il y avait avant d’arriver à la prochaine ville.

Non capisco, répondit le postillon.

Danglars fit un mouvement de la tête qui voulait dire :

— Très bien !