Page:Dumas - Le Comte de Monte-Cristo (1889) Tome 6.djvu/82

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Noirtier fit entendre un sourd râlement.

D’Avrigny se retourna, les yeux du vieillard étincelaient. Le bon docteur comprit que Noirtier réclamait la vue de son enfant ; il le rapprocha du lit, et tandis que le médecin des morts trempait dans de l’eau chlorurée les doigts qui avaient touché les lèvres de la trépassée, il découvrit ce calme et pâle visage qui semblait celui d’un ange endormi.

Une larme, qui reparut au coin de l’œil de Noirtier, fut le remerciement que reçut le bon docteur.

Le médecin des morts dressa son procès-verbal sur le coin d’une table, dans la chambre même de Valentine, et, cette formalité suprême accomplie, sortit reconduit par le docteur.

Villefort les entendit descendre et reparut à la porte de son cabinet.

En quelques mots il remercia le médecin, et, se retournant vers d’Avrigny :

— Et maintenant, dit-il, le prêtre ?

— Avez-vous un ecclésiastique que vous désirez plus particulièrement charger de prier près de Valentine ? demanda d’Avrigny.

— Non, dit Villefort, allez chez le plus proche.

— Le plus proche, dit le médecin, est un bon abbé italien qui est venu demeurer dans la maison voisine de la vôtre. Voulez-vous que je le prévienne en passant ?

— D’Avrigny, dit Villefort, veuillez, je vous prie, accompagner monsieur.

Voici la clef pour que vous puissiez entrer et sortir à volonté.

Vous ramènerez le prêtre, et vous vous chargerez de l’installer dans la chambre de ma pauvre enfant.

— Désirez-vous lui parler, mon ami ?