Page:Dumas - Le Fils du forçat.djvu/109

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Lorsqu’elle s’aperçut que celui-ci revenait à lui, elle attira Marius sur l’escalier.

– Retire-toi, mon enfant, lui dit-elle à voix basse ; il ne faut pas qu’il te retrouve lorsqu’il reprendra ses sens ; ta présence pourrait provoquer une nouvelle explosion de colère, et cette colère m’épouvante d’autant plus, que je ne me souviens pas de l’avoir jamais vu dans cet état. Surtout, que ce qui vient de se passer ne laisse point de fiel dans ton cœur ; Dieu, souvent, nous éprouve par le malheur, et, cependant, jamais nous ne nous adressons à lui que pour le remercier de ses bienfaits. Il faut agir ainsi avec tous ceux qui nous aiment, mon enfant, et ne nous souvenir que de la tendresse qu’ils nous ont témoignée. Je n’ai entendu que les dernières paroles de M.  Coumbes ; j’ignore ce qui s’est passé entre lui et toi, mais je ne crois pas, comme il le craint, que tu prennes parti pour ses ennemis. Tu n’as pas le droit d’oublier qu’il fut bon et compatissant pour ta mère, alors que tout le monde la délaissait ; d’ailleurs, ceux qui ont ainsi changé un homme que j’ai toujours connu doux et paisible ne peuvent être que de méchantes gens.

Il en coûtait à Marius de laisser à sa mère cette mauvaise opinion de celle qui avait fait sur lui-même une si profonde impression ; mais la voix de M.  Coumbes, quoique faible encore, avait impérativement