Page:Dumas - Le Fils du forçat.djvu/114

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Sous ce grand portail béant, il vit Dieu qui lui tendait les bras ; dans le son majestueux de l’orgue, dont les dernières vibrations arrivaient mourantes à son oreille, il crut entendre la voix du Seigneur qui lui disait que la prière était un remède bien autrement efficace que le travail contre le trouble qui l’épouvantait.

Il entra dans la cathédrale. L’office venait de se terminer, la Major était déserte. Marius se jeta dans une petite chapelle solitaire où il s’agenouilla.

En levant les yeux pour prier, son regard rencontra le tableau placé au dessus de l’autel ; il frissonna.

C’était une copie de la célèbre toile du Corrége qui représente la grande pécheresse, patronne de la jeune fille qui avait fait sur le jeune homme une si profonde impression. La sainte, couchée au milieu d’un bois sauvage, enveloppée autant de ses longs cheveux à reflets dorés que des plis de sa tunique bleue, méditait, accoudée sur un livre, auprès d’une tête de mort.

Ce ne fut pas seulement le rapprochement des deux noms qui frappa Marius sous l’empire de l’espèce d’hallucination qui le poursuivait, il retrouva, dans cette image peinte, celle qu’il aimait ; il la retrouva vivante ; c’était elle, c’étaient ses yeux graves