Page:Dumas - Le Fils du forçat.djvu/115

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et tendres tout à la fois, l’expression sérieuse et douce de son visage. L’illusion fut si étrange, qu’il crut entendre sa voix.

Le désordre de ses idées devint effroyable, ses cheveux se dressèrent sur sa tête, son cœur battit à briser sa poitrine ; il s’appuya sur ses mains de façon à se dérober la vue du tableau, et il commença de prier d’une voix émue, haletante.

– Mon Dieu, disait-il, délivrez-moi de cet amour insensé, ne permettez pas que je succombe. Vous m’avez donné une condition humble et pauvre ; n’ai-je donc pas adoré votre volonté ? ai-je donc manqué de courage et de résignation ? Pourquoi me laissez-vous accabler de la sorte ? Faites que je ne succombe pas à la tentation, ô mon Dieu ! Voyez, elle me poursuit jusque devant vos autels avec les traits que je redoute sans pouvoir cesser de les adorer ; elle me les montre dans ceux d’une de vos élues ; – je vous implore et je tremble que vous n’exauciez ma prière ; – je vous conjure de ramener le calme dans mon âme, et je me demande si ce calme ne sera pas aussi affreux que celui de la mort. Ô vous dont elle porte le nom, sainte bienheureuse qui avez tant souffert parce que vous aviez tant aimé, demandez à Dieu de m’envoyer la force que je ne trouve pas en moi-même, demandez-lui de permettre que je l’oublie, de faire que ce nom de Madeleine ne me remplisse