Page:Dumas - Le Fils du forçat.djvu/125

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siège de la société des Vampires, et il tint loyalement sa parole. Mlle Madeleine purifia par sa présence ces murs déjà souillés, tout neufs qu’ils étaient.

La première fois qu’elle était venue à Montredon, situation, architecture, aménagements intérieurs, Mlle Madeleine trouva tout horrible et déclara dix fois à son frère que, si nécessaire qu’il fût pour lui de cacher ses exploits et ceux de sa bande, elle ne pouvait concevoir qu’il eût fait choix d’un semblable désert pour y planter sa tente.

Mais, depuis les événements que nous venons de raconter, par un revirement inexplicable, si féminin qu’on le suppose, la jeune fille revint de ses prétentions premières ; les grèves désolées des abords du cap Croisette ne lui semblèrent plus aussi maussades ; les pitons de Marchia-Veyre prirent à ses yeux un aspect qui n’était point sans charmes ; la transparence de la mer, s’émaillant d’aigues-marines et de bleu selon les couches alternatives d’algues ou de sable, lui parut attrayante ; il n’était pas jusqu’à l’isolement, dont elle avait fait un si gros crime au pauvre chalet, qui n’eût quelque avantage qu’elle n’oublia pas de signaler. Un mois ne s’était pas écoulé qu’elle priait son frère de lui céder la propriété de sa petite maison de campagne.

Celui-ci travaillait à étudier toute autre chose que le caractère des femmes ; il ne perdit point son temps