Page:Dumas - Le Fils du forçat.djvu/130

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dre jusqu’à lui, qu’à être élevée jusqu’à un autre qui ne le vaudrait pas. Elle crut obéir à la raison : c’était probablement la passion qui déjà suffisait seule à la déterminer.

Quoi qu’il en fît, elle n’essaya plus de contrarier son penchant ; elle s’y abandonna avec la sincérité d’un cœur honnête ; elle était trop vraiment vertueuse pour masquer son inclination sous les dehors d’une fausse prudence ; elle n’hésita pas à se rapprocher de Marius, et devenue à son tour voisine de M.  Coumbes, elle attendit que le fils de celui-ci donnât une suite au prologue qui s’était passé dans le sanctuaire de sainte Madeleine.

Mais, quelle que fût sa patience, Marius semblait devoir en abuser ; l’été était passé, l’automne commencé, sans qu’il eût adressé la parole à celle qui l’avait reçu avec tant de bienveillance. Il mettait autant d’acharnement à la fuir que la jeune fille en mettait à le rencontrer, et, lorsque par hasard il lui était impossible de l’éviter, il baissait les yeux pour ne les relever que lorsqu’elle était disparue.