Page:Dumas - Le Fils du forçat.djvu/145

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quart de lieue d’ici ; en nous en allant, nous les préviendrons, et vous aurez non seulement ce que vous désirez, mais encore les secours dont vous avez besoin.

L’homme ne fut pas le maître de dissimuler l’inquiétude et le mécontentement que lui causait cette proposition ; il perdit pour une minute l’assurance effrontée qui le caractérisait.

– Non, non, répondit-il en hochant la tête, leur charité ne descendrait pas si bas ; si j’étais un gros marchand de savon ou un armateur, à la bonne heure, ils me ramasseraient dans l’espoir de recevoir une bonne pièce ; mais, à mon uniforme, vous avez dû reconnaître mon état ; je ne suis qu’un pauvre mendiant, et ces jolis messieurs de la côte me relèveraient à coups de talon de botte. Non, non, je ne me soucie pas de pourrir au dépôt, où ils m’enverraient soigner ma convalescence.

– Voyons, à quoi vous décidez-vous ? interrompit Marius. Voici la nuit qui arrive ; nous ne voulons pas vous laisser ici ; le vent tourne au nord-ouest, nous aurons du mistral cette nuit, et la mer battra à l’endroit même où vous êtes étendu ; d’un autre côté, en réunissant mes forces à celles de mademoiselle, il nous serait impossible de vous transporter même jusqu’au village de la Madrague.

– Dites donc aussi que vous ne vous souciez pas