Page:Dumas - Le Fils du forçat.djvu/150

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qui, de son côté, n’est pas assez ingrat pour vouloir faire du mal à ceux qui lui ont sauvé la vie.

Puis, voyant que Marius ne se décidait point à quitter sa position défensive :

– Voyons, continua-t-il en donnant un coup de pied au bissac mystérieux, tenez-vous donc à savoir ce qu’il y a là dedans ? Ce sont des clous, des morceaux de cercles que j’arrache aux épaves que saint Mistral nous envoie ; c’est un pauvre commerce ; mais, si misérable qu’il soit, le gouvernement ne le dédaigne pas et ne souffre pas que nous lui fassions concurrence ; c’est pour cela que je me soucie fort peu de la visite des gabelous. Mais vous, c’est autre chose ; vous ne voudriez pas, j’en suis sûr, priver un malheureux de ses ressources. Fouillez donc là dedans, si bon vous semble.

La soumission du mendiant produisit tout l’effet qu’il en attendait ; sans passer de sa conviction dernière à une confiance exagérée, le jeune homme parut ajouter foi aux paroles de son interlocuteur ; il ne daigna pas en vérifier l’exactitude.

– Soit, dit-il ; mais les dangers de votre profession devraient vous rendre plus prudent dans vos paroles.

– Eh ! eh ! eh ! répondit le mendiant, les malheurs ont aigri mon caractère. C’est une chose bien triste, continua-t-il en cherchant à mettre des larmes