Page:Dumas - Le Fils du forçat.djvu/157

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pour s’aider dans son escalade, ses mains s’ouvrirent, et Madeleine, glissant à terre, s’élança sur la route. Son émotion était si forte, qu’elle fut forcée de s’asseoir.

Pendant quelques instants, ses sens flottèrent paralysés entre la vie et la mort, n’entendant rien, ne voyant rien, ne se rendant pas compte de ce qui se passait autour d’elle.

Lorsqu’elle reprit sentiment, elle chercha Marius et ne le vit pas auprès d’elle.

Elle appela : rien ne lui répondit ; elle répéta le nom du jeune homme avec angoisse.

Elle crut entendre dans la montagne un bruit de soupirs et de sanglots ; elle y courut.

Alors, elle aperçut le jeune homme ; il était tombé à l’endroit où elle s’était échappée de ses bras et il restait là étendu sur le rocher, qu’il mouillait de ses larmes.

– Venez, lui dit-elle.

Marius ne fit pas un mouvement ; seulement, ses pleurs redoublèrent et prirent le caractère du spasme.

En ce moment, la lune se levait derrière les collines de Saint-Barnabé et éclairait les rochers dont les faces grisâtres, à mesure qu’ils étaient atteints par les rayons de l’astre des nuits, semblaient se couvrir d’une neige éclatante.

La mer était devenue un lac d’argent parsemé de