Page:Dumas - Le Fils du forçat.djvu/185

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Sous l’impression de tristesse qui dominait le jeune homme, l’affliction de sa mère lui fut plus sensible encore qu’elle ne l’eût été dans des circonstances ordinaires ; il la supplia de lui confier le secret de ses peines.

Pour toute réponse, Millette se jeta au cou de son fils et l’embrassa avec une énergie tout à la fois désespérée et suppliante.

Marius redoubla ses instances.

– Qu’avez-vous, mère ? disait-il. Mon cœur se fend en vous voyant ainsi. Mon Dieu, parlez ! qu’avez-vous ? Si j’ai mérité quelque reproche, pourquoi craignez-vous de me l’adresser ? Vous m’avez appris à être soumis envers ceux que l’on aime, et douter que je vous aime, c’est m’affliger plus que ne m’affligeraient vos justes remontrances. Quelqu’un vous a-t-il offensée, mère ? Oh ! nommez celui-là et vous me trouverez prêt à vous défendre, à le punir, comme je l’ai été lorsqu’il s’agissait de mon… de notre bienfaiteur. Voyons, mère, ne pleurez pas comme vous le faites ; vos sanglots m’arrachent l’âme ! j’aimerais mieux voir couler mon sang goutte à goutte que ces larmes qui sortent de vos yeux ! Vous n’aimez donc plus votre enfant, que vous ne le jugez pas digne de votre confiance ? Est-ce que l’on peut cacher quelque chose à ceux que l’on aime ? Est-ce que, joie ou peine, on ne doit pas tout partager avec eux ? Tenez,