Page:Dumas - Le Fils du forçat.djvu/189

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– Eh ! tron de l’air ! s’écria-t-il, deux vieilles connaissances ne se quittent pas de la sorte !

– Ah ! mon Dieu, mon Dieu, vous êtes sans pitié dans votre justice, disait Millette en se tordant les bras de désespoir.

– Partiras-tu d’ici, misérable ? hurla Marius en secouant violemment le mendiant, qu’il avait saisi par le collet de sa blouse.

– Prenez donc garde ! Je n’ai pas, comme vous, des vêtements de rechange. Si je tiens à ne pas m’en aller, c’est que je n’aime pas qu’on se fiche de moi ; voilà tout.

– Que voulez-vous ? Voyons ! reprit Marius, qui espérait de la sorte être plus promptement débarrassé de l’importune présence du mendiant. De quoi vous plaignez-vous ?

– Je me plains de ce que la belle demoiselle avec laquelle vous preniez le frais, il y a une quinzaine, du côté de la pointe, elle s’est moquée de moi comme un gabier d’un soldat de terre ; je me suis présenté à sa demeure, ainsi qu’elle m’avait ordonné de le faire, et, lorsque j’ouvre la porte de son bureau, – un riche bureau, ma foi, et qui me prouve que vous n’avez pas tort de chérir la promenade avec sa propriétaire, – je trouve des commis qui me chassent comme un gueux qui aurait des vrilles et