Page:Dumas - Le Fils du forçat.djvu/256

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– Quoi ! s’écria le juge qui croyait avoir convaincu Madeleine ; quoi ! vous pensez encore ?…

– Monsieur, vous l’avez dit vous-même : un tel préjugé est injuste et absurde. Or, comme femme et comme chrétienne, je n’admets pas que ce qui est injuste et absurde soit honorable et honnête ; je n’admets pas qu’une absurdité, qu’une injustice puissent me délier d’un serment que de ma pleine volonté j’ai donné. Si Marius est innocent, comme je persiste à le croire, je déplorerai avec lui les fautes de son père sans en rougir plus que lui, et je travaillerai à ses côtés à réhabiliter le nom que nous partagerons ensemble.

– Je vous admire, mademoiselle, mais, je l’avoue, sans pouvoir vous approuver.

– Sans préjuger de l’avenir, je veux m’occuper du présent. Je suis la cause première de ces malheurs ; c’est moi qui aurai contribuer à précipiter Marius dans l’abîme, c’est à moi qu’il appartient de faire tout ce qui sera possible pour l’en tirer.

– Je doute que vous y réussissiez, mademoiselle, reprit tristement le magistrat. Toutes les présomptions sont contre lui, et, plus encore que les présomptions, les aveux.

– Il y a là un mystère que je ne puis concevoir, en effet ; mais, avec l’aide de Dieu, nous y réussirons peut-être.