Page:Dumas - Le Fils du forçat.djvu/26

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jour où, de même que les géants de la forêt, il gît couché sur la terre.

« Si la foudre l’épargne, la main glacée de l’Hiver se charge de l’arracher de sa tige ; il tombe de moins haut, mais qu’importe ! puisqu’il tombe. Ne faut-il donc avoir des larmes que pour les douleurs des rois ? Qui pleurera sur celles des mendiants ?

« L’homme a beau se cacher dans l’herbe, il ne saurait échapper au malheur ; que la scène ait deux pouces ou qu’elle ait cent coudées de large, c’est toujours la même pièce qui se joue, pièce dans laquelle, petits ou grands, les acteurs se lamentent et s’arrachent les cheveux : ce n’est pas sur les cadres les plus exigus que les émotions sont les moins poignantes. »

Pourquoi M. Coumbes aurait-il échappé à la loi commune ?

Une femme, c’est leur rôle ici-bas, était, un beau jour, tombée au milieu de l’eau calme et dormante dans laquelle il végétait si délicieusement, et les larges cercles que sa chute avait laissés à la surface avaient failli changer ce lieu paisible en une mer grosse de tempêtes.

Elle s’appelait Millette ; elle était d’Arles, la patrie des Méridionales vraiment belles, aux cheveux noirs, aux yeux bleus, à la peau blanche et satinée comme si le soleil qui mûrit les grenades n’avait pas passé sur elle. Jamais le béguin blanc que ceint un large