Page:Dumas - Le Fils du forçat.djvu/272

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de la cité phocéenne, antres horribles devant lesquels le voyageur recule avec épouvante en se demandant, malgré le vivant témoignage que reçoivent ses yeux, si des hommes consentent à végéter dans de pareils bouges.

Ces foyers d’immondices pestilentiels sont en même temps le pandémonium de tous les vices ; ils servent de théâtre aux saturnales des matelots ; les hurlements de l’ivresse, le bruit des coups, le râle des blessés y sont traditionnels ; aussi aucune croisée ne s’ouvrait, aucun habitant ne paraissait sur sa porte, malgré les cris de Millette.

Mais la police exerce une active surveillance sur ces quartiers, et une ronde pouvait venir.

Pierre Manas comprit qu’il fallait, pour son salut, que cette scène ne se prolongeât pas ; sa large main s’abattit, et, enveloppant le bas du visage de sa femme, comprima la bouche de celle-ci.

Millette enfonça ses dents dans la chair et mordit avec une rage furieuse.

Malgré l’atroce douleur qu’il éprouva, Pierre Manas ne retira pas sa main ; seulement, de l’autre, il serra si vigoureusement la gorge de la mère de Marius, que la suffocation ne tarda pas à s’ensuivre.

Alors, continuant de lui comprimer son bâillon sanglant sur la bouche, il souleva Millette du bras qui lui restait libre, et s’enfonça avec son fardeau dans