Page:Dumas - Le Fils du forçat.djvu/277

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Elle en était arrivée à cet état d’affaissement lorsqu’un guichet pratiqué dans la partie supérieure de la porte, et auquel Millette n’avait pas pris garde, s’ouvrit brusquement. Les yeux de Millette, habitués à l’obscurité, distinguèrent une tête inconnue qui se colla contre le grillage de fer doublant la partie intérieure du guichet.

– Ah ça ! est-ce que tu ne vas pas bientôt te taire, drôlesse ! fit une voix rude. À-t-elle des poumons ! c’est pis qu’un soufflet de forge ; ça vous crierait du matin au soir sans se lasser.

– Ah ! monsieur, monsieur ! s’écria-t-elle en joignant les mains.

– Voyons, que veux-tu ? Parle !

– Je veux voir Marius, je veux voir Marius ; par grâce, laissez-moi voir Marius !

– En voilà un drôle qui est heureux d’être désiré de la sorte ; mais, comme ce n’est pas moi qui suis chargé de te faire voir Marius, je ne puis t’inviter qu’à une chose, c’est à te taire, ou sinon, quand le camarade va venir t’apporter ta pitance, je l’engagerai à t’apprendre comment on endort ici les enfants qui ne sont pas sages.

Sur quoi, le guichet se referma. Cette apparition et ces paroles sinistres calmèrent un peu la pauvre femme, sans toutefois l’intimider. Au contraire, par ces paroles, elle avait acquis la certitude qu’elle