Page:Dumas - Le Fils du forçat.djvu/280

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coins et les recoins de son cœur pour y chercher ce qui pourrait amollir cette âme endurcie ; mais les mots qu’elle se prononçait à elle-même tout bas ne rendaient pas ce cri puissant de la maternité qui s’était échappé de ses lèvres et qui était près de s’en échapper encore. Ce cri résonnait dans ses entrailles et ne pouvait arriver jusqu’à sa bouche ; elle se désespérait de cette insuffisance de la langue humaine. Elle s’écriait : « Ce n’est pas cela, ce n’est pas cela ! » et elle recommençait le même thème en essayant de lui donner une nouvelle forme.

Enfin, des pas alourdis résonnèrent dans le cellier ; tout le sang de Millette reflua vers son cœur ; la respiration lui manqua : le condamné qui entend venir le bourreau n’est pas plus tranquille que ne l’était la pauvre femme.

Pierre Manas, de son côté, – car c’était lui, – Pierre Manas, si elle eût pu le voir, lui eût paru inquiet et soucieux. Et, en effet, cette inquiétude et ce souci avaient leur raison d’être. Le propriétaire du coupe-gorge dans lequel il logeait et dont dépendait le caveau où il avait déposé sa victime, lui avait nettement déclaré qu’il ne voulait pas la garder plus longtemps chez lui ; le crime de séquestration était prévu par le Code pénal. Il avait ajouté qu’à plus forte raison il n’entendait point qu’un assassinat fût commis dans sa maison. Pierre Manas en était à regretter