Page:Dumas - Le Fils du forçat.djvu/283

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notre enfant, je te jure de ne pas te dénoncer, Pierre, je t’en fais le serment sacré.

– Ah ! oui, avec cela que tu les tiens bien, tes serments, dit impudemment le bandit, témoin tes serments conjugaux.

Millette courba la tête et ne répondit point.

– Non, tu ne me quitteras plus que de l’autre côté de la frontière. Au fait, c’est bête comme tout d’avoir une femme et d’en perdre le bénéfice. La loi veut que tu me suives, la belle, et il faut obéir à la loi. Je veux bien ne pas me montrer trop sévère pour le passé, mais pour l’avenir, c’est différent.

Puis, montrant du doigt les murs du cachot :

– Te voilà réintégrée au domicile conjugal, ajouta-t-il, et j’entends que tu y restes.

– Et Marius ! et Marius ! s’écria la pauvre mère, je ne reverrai donc plus Marius ! Oh ! Pierre, aie pitié de moi ; souviens-toi que tu m’as aimée autrefois, que tu te traînais à mes genoux pour que je résistasse à la volonté de mes parents qui me voulaient donner à un autre mari et que j’ai répondu en me jetant dans tes bras. Eh bien, en souvenir de ce jour, Pierre, ne me repousse pas ; Pierre, ne me sépare pas de mon fils.

– Écoute, dit le bandit, qui commençait évidemment à ébaucher un projet ; écoute, je ne suis pas plus frileux qu’un autre ; l’enfant est brave, et,