Page:Dumas - Le Fils du forçat.djvu/286

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– Mais l’argent, murmura Millette, ce n’est pas à moi, Pierre.

– Ne voilà-t-il pas que, pour sauver ton enfant, tu vas avoir scrupule de disposer de l’argent de ton enfant et d’un argent qu’il allait me donner, encore ?

– Au fait, dit Millette, eh bien, oui, j’irai te chercher cet argent et je te le remettrai.

– Femme, tu sais ce que je t’ai dit.

– Que m’as-tu dit, Pierre ? car tu m’as dit beaucoup de choses.

– Je t’ai dit que, jusqu’à ce que je sois de l’autre côté du Var, nous ne nous quitterons pas.

– Si nous ne nous quittons pas, comment veux-tu que j’aille te chercher cet argent dans la chambre de Marius ?

– Nous irons ensemble.

– Ensemble ?

– Ah ! c’est à prendre ou à laisser, dit Pierre Manas en reprenant son ton brutal.

– Et quand irons-nous ?

– Ce soir, pas plus tard que cela ; et, d’ici là, soyons sage, buvons notre eau, mangeons notre pain et ne faisons pas de bruit.

Et Pierre Manas se leva après avoir mis, adroitement et sans bruit, dans sa poche les deux ou trois clefs qui étaient restées gisantes depuis la veille sur le sol, auxquelles Millette n’avait point pensé, et