Page:Dumas - Le Fils du forçat.djvu/320

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avaient trait à la mort de Pierre Manas, il les provoquait. Il est vrai de dire que l’exagération populaire, s’étant chargée de prôner ses hauts faits, leur avait donné des proportions bien attrayantes.

Le bandit se trouvait métamorphosé en cinq affreux brigands dont M. Coumbes avait occis la moitié tandis que l’autre moitié prenait la fuite.

M. Coumbes laissait dire. À l’admiration qu’il lisait dans les regards des auditeurs, il répondait :

– Eh ! mon Dieu, ce n’est pas aussi difficile qu’il le semble, avec un peu d’adresse et de sang-froid… Comment voulez-vous que je manque un homme, moi qui mets un grain de plomb dans l’œil d’un moineau, aussi délicatement que s’il était placé avec la main !

Bref, la passion dominante de M. Coumbes eut raison, chez lui, de tout ce qu’il restait sur la terre de la pauvre Millette : son souvenir.

Peu à peu, ses visites au cimetière de Bonneveine, qui renfermait les restes de Millette, devinrent moins fréquentes ; bientôt il cessa d’y aller, et l’herbe fut libre de pousser aussi drue sur le dôme de terre qui la recouvrait qu’elle l’était dans le jardin du chalet.

Il l’oublia si bien, que, lorsqu’il mourut, avec cet à-propos des égoïstes, quinze jours avant l’ouverture du canal de la Durance, qui, en peuplant de jardins les