Page:Dumas - Le Fils du forçat.djvu/72

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tante revanche. À l’aube du jour, il avait quitté son lit, et, sans prendre le temps de passer ses vêtements, il était venu interroger ses cimeaux.

Il avait aperçu une forme énorme qui se détachait en noir sur le ciel que l’aurore colorait faiblement, et, tout palpitant d’espérance, il avait saisi son fusil.

Qu’était-ce que cet énorme oiseau ? Un épervier, une chouette, un faisan peut-être ! Mais, quel qu’il fût, M. Coumbes savourait d’avance son triomphe et la confusion de ses ennemis.

Il entrouvrit doucement la croisée, s’agenouilla, appuya son arme sur le bord de la fenêtre, visa longtemps et fit feu.

Ô bonheur ! après la détonation, il entendit le bruit sourd et mat d’un corps pesant qui tombait à terre. Dans son ivresse, et sans songer à l’insuffisance de son costume, il se précipita en bas de son escalier et courut à son arbre. Une superbe pie gisait sur le sol ; M. Coumbes se précipita dessus, sans remarquer sa raideur, qu’il prit sans doute pour la raideur cadavérique.

Elle était empaillée et portait à sa patte le nom de son empailleur et la date de son empaillement. La date remontait à deux ans, l’empailleur était M. Riouffe. D’ailleurs, et pour prouver d’autant mieux que c’étaient ses voisins qui avaient ménagé